12 mars 1877

Paris, 12 mars [18]77, lundi soir, 3 h. ½

Cher bien-aimé, aujourd’hui, jour de blanchisseuse, matinée laborieuse mais insipide. Aussi suis-je très contente d’en être horte comme on dit à l’académie guernesiaise, et j’en profite pour me livrer à mon vice favori que tu ne connais que trop, hélas ! Heureusement que tu t’en fiches et moi aussi, donc je continue à t’aimer imperturbablement tous les jours, toutes les heures et toutes les minutes que Dieu fait, avec tout mon cœur et toute mon âme. La pensée que tu vas revenir m’a fait une petite joie de rabiot dont tu n’as pas idée ; en attendant, je me dépêche d’en finir avec l’encrier dans le cas où le bon Lesclide viendrait travailler tout à l’heure.
Je suis vraiment très ennuyée de la persistance des bonnes grâces de M^me Kovalsky ; je voudrais trouver un moyen poli de m’y soustraire ; je te supplie de me venir en aide pour cela le plus tôt possible. En attendant, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 74
Transcription de Guy Rosa