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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 novembre [1845], lundi après-midi, 4 h.

Je ne t’avais pas encore écrit, mon bien-aimé, quand tu es venu, mais je t’avais désiré, mais je t’avais aimé de toutes mes forces. Le lundi, en général, je suis en retard parce que j’ai toujours ma TOILETTE du dimanche à serrer et l’ouvrage d’Eulalie à apprêter. Demain je serai à jeun de ce côté-là et je pourrai faire mon petit gribouillis dès le matin. Tout à l’heure je vais me mettre à copier jusqu’à l’heure du dîner et puis je reprendrai ce soir après le dîner.
Cher petit bien-aimé, je ne veux pas te donner la peine d’arranger les soies parce que j’ai besoin de les distribuer à mes péronnelles et qu’une fois arrangées par toi, je ne pourrais pas me résigner à les leur donner. Il vaut donc mieux que tu ne le fassesa pas, ce sera une peine de moins pour toi et pour moib beaucoup de regrets inutiles.

5 h.

Je viens de recevoir la visite de Mme Guérard qui est dans son grand habit de veuve. Elle m’a paru très convenable. Son chagrin n’a rien d’exagéré et par cela même il est plus sympathique. Elle m’a dit de te dire beaucoup de bonnes choses, ce dont je m’acquitte en conscience. Tu m’as promis de revenir ce soir avant ton dîner, mon petit homme chéri, j’y compte parce que c’est déjà un bonheur que d’espérer te voir. Mais aussi si tu ne viens pas, je serai trop attrapéec et je ne serai pas contente. Mais tu viendras, n’est-ce pas que tu viendras ? N’est-ce pas que tu as besoin de me voir, que tu pensesd à moi et que tu m’aimes ? Je t’aime trop, tu es trop ma vie et ma joie pour que tu n’éprouves pas pour moi un peu d’amour de ton côté. Je t’attends donc tout à l’heure, mon petit Toto, tâche de ne pas me faire regretter ma confiance.
Mon Victor chéri, mon amour, mon bien-aimé, je suis heureuse, je pense à toi, je te désire, je t’attends et je t’adore. Dépêche-toi de venir pour que j’aie plus longtemps à te voir. D’ici là, je baise toute ta ravissante petite personne depuis la tête jusqu’aux pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 115-116
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tu ne le fasse ».
b) « pour toi et et pour moi ».
c) « attrappée ».
d) « tu pense ».

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