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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 8 nov[embre] [18]72, vendredi matin, 8 h. ¼

Plains-moi, mon bien-aimé, de n’avoir pas pu me trouver à notre cher petit rendez-vous de la serviette [1] ce matin. Mais j’étais si fatiguée et si endolorie que je ne pouvais pas me bouger. Je viens de me commander un bain pour me détendre un peu les membres qui sont tout à fait ankylosés. J’espère que j’y parviendrai assez pour essayer la promenade en voiture tantôt. Celle d’hier n’aurait pas manqué de me faire beaucoup de bien si je n’avais pas été tout à fait prise depuis deux jours. Une des choses qui m’agacenta le plus c’est de t’occuper de ces bêtes douleurs tous les jours comme si tu n’avais rien de mieux à faire que d’écouter mes geignements sempiternels. En voilà assez pour aujourd’hui, mon pauvre grand adoré. Comment as-tu passé la nuit ? À quelle heure t’es-tu levé ? Comment m’aimes-tu ? Voilà ce qu’il m’importe de savoir, le reste m’est égal. J’en excepte, cela va plus que sans dire, tes chers enfants grands et petits. À ce propos, je te fais souvenir d’écrire à Dulac et à Vacquerie car le moment est plus que venu. Après cela nous serons sur un fort velours et je te promets en échange de courir comme une dératée et de me porter comme le vieux Pont-Neuf. En attendant je t’aime à tour de cœur et à âme tendue.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 309
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « m’agace ».

Notes

[1Voir Torchon radieux.

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