Guernesey, 7 sept[embre] [18]72, samedi, 7 h du m[atin].
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour ma joie, mon bonheur, ma vie bonjour je t’adore et tu nous as lu hier soir des choses admirables et sublimes [1] comme toujours et dont le pauvre d’Alton était si ému, si fier, si heureux, qu’il en avait les yeux pleins de larmes. Quant à Mme d’Alton, elle marchait triomphalement dans son rêvea étoilé [2] ; et tous ceux qui étaient là, moi autant et plus que les autres encore, si c’est possible, étions ravis d’enthousiasme et d’admiration pour l’homme adorable et le poète divin inépuisablement bon et incommensurablement grand cause de tout ce bonheur. C’est bête comme tout ce que je te dis là [3] mais c’est la Sainte vérité. Dites donc, môsieur, vous me devez deux sous. Si vous croyez que je vous tiens quitte de vos flirtachionnes [4] à si bon marché vous vous fourrez un fort doigt dans l’œil. J’entends et je prétends que vous me payiez un nombre infini de petits vers et même de grands vers, ma soif ne recule devant rien. Et puisqu’ilb ne s’agit que de vous le demander je le demande à cor, à cœur et à cris : dixit.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 248
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « rêv ».
b) « puisque il ».