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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 décembre [1835], jeudi matin, 11 h.

Bonjour, mon bien cher Toto. Je t’aime de toute mon âme. Je suis bien touchée de la manière tendre et charmante que tu as eue avec moi hier au soir. Je te revaudrai cela aujourd’hui, si tu viens de bonne heure comme je l’espère car il fait un temps charmant. Je serai joyeuse et bien GEAIEa. Si tu ne viens pas, je serai triste en dedans mais j’aurai l’amour sur les lèvres et dans les yeux.
J’ai été un peu malade cette nuit. Je le suis encore ce matin, mais je pense que cette indisposition se dissiperait si tu venais me chercher ou même si tu venais pour autre chose.
Mon cher petit Toto chéri, je vous aime, savez-vous cela ? Et je vous adore par-dessus le marché. Je ne sais pas comment je fais mon compte, mais après avoir dépensé des tas d’amour plus gros chacun que des mondes (pendant toute l’année), je me trouve en avoir autant au commencement de l’autre. Comprenez-vous cela, vous mon Toto ?
Je ne suis riche que de ce côté-là. Par exemple, aussi ne pourrai-je vous donner que mon cœur tout sec en cadeau d’étrennes.
Je serai bien contente si lui seul suffit à notre bonheur.
En attendant, mon petit bien-aimé, je fais des vœux pour que l’ambition vous fasse tourner les talons de mon côté.
Il fait si beau pour cueillir les illis. aujourd’hui, que ce serait grand dommage de n’en pas profiter.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 284-285
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « geai ».


31 décembre [1835] 1835, jeudi soir, 8 h. ½

Vous ne direz pas, mon cher petit homme, que je ne vous donne rien. Et de plus, je vous donne mon cœur par-dessus le marché. Il me semble que c’est assez généreux comme cela. Au reste, je prêche d’exemple, et je désire que vous fassiez ligne pour ligne, mot pour mot, ce que je fais pour vous et vous me rendrez la plus heureuse et la plus comblée des femmes.
Je viens de lire la lettre de la vieillea duchesse [1]… Cela me fait un étrange effet. Tout ce qu’elle vous dit, tout ce qu’elle ne vous dit pas b Quoi que vous en disiez, je m’afflige de voir de vieux chicots grignoter de vous quand moi-même je ne peux pas en prendre tout mon saoul.
Et puis, je vous avoue que cette fraternité, de quelque sexe qu’elle soitc, me paraît monstrueuse et révoltanted. Enfin, je suis illis. triste et fort tourmentée en pensant que vous prenez plaisir à des vieux hommages illis..
Je ne finirais pas ou plutôt je finirais mal l’année si je me laissais aller aux sentiments de tristesse et de maussaderie que m’a causése cette lettre.
Mon cher petit Toto chéri, faites tout votre possible pour venir très tôt. J’en mangerais avec plaisir : d’ailleurs, ce serait nous porter bonheur pour toute l’année à venir. Nous finirions bien celle-ci. Tâchez donc de venir.
Mon bien cher Victor, je t’aime. Je t’en ai donné une preuve toute récente en résistant au plaisir de t’offrir quelques bagatelles signifiantes pour ceux qui donnent. Je désire que tu aiesf la même emprise sur toi. Tu sais ce que je veux, ce que j’attends, illis..
Je donnerais toutes les étrennes qui  ? se distribueront demain dans toute illis.. Mon cher petit Toto, offre  ?-moi ce que je t’ai demandé. Tu me rendras bien joyeuse et  ? bien surprise.
Je t’attends, mon Victor adoré. Je t’aime illis. comme si j’étais en 1836. Ah ! illis. que pour cette besogne-là, je suis  ? toujours en avance.
Je  ? vous donne pendant que j’y suis et illis. du jour de l’an, des millions de baisers les plus doux et les plus fondants du illis..
q
Je vous souhaite de m’aimer toujours comme je vous aime et bien d’autres chosesf.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 286-287.
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « vielle ».
b) Les points de suspension sont soulignés.
c) « qu’il soit ».
d) « monstrueux et révoltant ».
e) « m’a causé ».
f) « que tu es ».
g) « d’autre chose ».

Notes

[1À élucider.

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