Vendredi, [24 avril 1868], 7 h. ½ du matin [1]
Cher adoré, voici ma petite messagère qui te dira en détail que j’ai bien dormi, que je me porte bien malgré quelques tiraillements goutteux un peu partout et un vague mal de cœur qui se dissipera tout à l’heure, j’en suis sûre. De ton côté, cher adoré, envoie-moi le bulletin complet de ta chère santé qui m’intéresse plus que la mienne. Mais ne prends pas la peine de m’écrire. Je t’en prie. Je t’en supplie.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 112
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
Guernesey, 24 avril [18]68, vendredi matin, 8 h. ¼
Merci de ton cher petit mot, mon adoré. Je vais m’appliquer à le mériter encore plus en me portant comme un Turc aujourd’hui malgré le mauvais temps. En ce moment les lames sautent par-dessus le parapet du quai à la hauteur de mes fenêtres. C’est prodigieux et terrible quand on pense aux conséquences de ce déchaînement sublime de la mer. Cette pensée me fait désirer reprendre au plus vite ma chère collation [2] si souvent entravée par toutes sortes d’empêchements. Dès que le rhume de Mme Chenay sera un peu passé, je la prierai de la reprendre avec moi. Je n’ai pas pensé à faire prendre de ses nouvelles mais j’espère qu’elle va bien. J’espère aussi que la pauvre Mariette va mieux [3]. Je vais m’en informer tout de suite. Cher adoré, je te souris, je te bénis, je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 113
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette