Paris, 14 avril 1881, jeudi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, j’ai constaté, avec joie, à deux reprises dans la nuit et ce matin en me levant, que tu dormais profondément d’un sommeil doux et paisible, ce dont je te félicite et remercie Dieu. Jusqu’à présent le temps est lourd et orageux mais j’espère, néanmoins, qu’il n’empêchera pas notre petite promenade tantôt.
Parmi les lettres d’aujourd’hui, il y a une circulaire signée de Henri Martina avec deux billets de bal qui sera donné le 23 avril prochain au profit des écoles et des sallesb d’asile [1] du XVIe arrondissement (le tien). Le billet coûte dix francs, soit vingt pour les deux. Le bal sera donné dans la salle des fêtes de la mairie samedi en huit. Il me semble impossible que tu ne gardes pas ces billets, aussi les ai-je mis à part pour que tu penses à en donner l’argent qu’on ne manquera pas d’envoyer chercher peut-être ce soir même.
En attendant, mon grand petit homme, je fais force de voile et de rame pour faire nettoyerc ta maison de fond en comble en l’honneur de Pâques et de Sainte Propreté et je t’adore de toute mon âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 79
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « Henry ».
b) « sales ».
c) « netoyer ».