Paris, 12 juin 1881, dimanche, 7 h.
Dors, mon doux adoré, Barnabé a combattu le bon combat et vaincu le rifflard de Médard [1]. Dieu soit loué au plus haut de son ciel !
Cher adoré, je ris tant je suis joyeuse de voir le beau temps revenu, c’est-à-direa santé et bonheur pour toi. Ma crainte est que, vu les courses pour le grand prix de cent mille francs de la ville de Paris, nous ne puissions pas trouver de voiture pour notre promenade tantôt. Je n’en suis qu’à moitié fâchée parce que tu as des lettres qui demandent impérieusement réponse ; d’autre part, il faut que tu te tiennes au courant de ce qui se dit à propos de tes formidables Quatre vents de l’Esprit [2] et ce qui se fait à propos du projet de ta statue [3]. Tout cela, mon bien-aimé, mérite ton attention et t’impose le sacrifice d’une promenade au moins.
En l’absence de Lesclide, je ferai office de lectrice, c’est tout ce que je peux faire et je te l’offre de tout mon cœur qui t’admire, et qui t’adore aux quatre vents de ton divin génie.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 129
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « cet à dire ».