Paris, 2 août 1881, mardi midi
C’est le cas où jamais, mon cher bien-aimé, de faire honneur à ta bonne nuit en te levant plus tôt et en descendant déjeuner à l’heure avec tes chers petits-enfants, qui, sans cela, leur mère étant toujours très souffrante au lit, n’auront que ma médiocre compagnie, très probablement, Lockroy restant ordinairement près de sa femme malade. Le temps est toujours fatiganta et à l’orage, ce qui m’énerve extrêmement.
Pour quitter un peu tous ces sujets de mélancolies, je te dirai que je viens de lire la huitième liste de souscription pour ta statue [1] dans laquelle se trouve le nom de Mme Veuve Ledru-Rollin pour 100 F. et celui de M. et Mme Bowes pour 250 F. sans compter les autres souscriptions qui, pour être de beaucoup plus minimes, n’en sont pas moins significatives et moins enthousiastes, au contraire.
Je t’ai mis de côté des lettres dont tu feras bien de prendre connaissance le plus tôt possible. Et à ce propos, je te demanderai s’il faut que j’enregistre à l’article recette et à celui dépense extra le mois de septembre que tu as avancé à Mme Lockroy hier.
En attendant ta réponse, je t’aime à cœur ouvert et content pendant que tu payes à caisse ouverte et comptant.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 177
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « fatiguant ».