Paris, 5 janvier [18]72, vendredi matin, 9 h. ½
Cher bien-aimé, je viens de donner le pas sur mon restitus aux trois lettres que tu [devais ?] à cause de la poste et de la nécessité de faire parvenir tes invitations à temps pour demain. Maintenant que c’est fait, je reviens à mon cher mouton amour. J’espère que tu as, comme moi, passé une bonne nuit malgré la tempête furibonde qui n’a pas cessé de rugir et de vociférer ; on eût dit l’antre des ruraux de Paris après ton élection. À ce propos, nous n’avons plus guère de temps à attendre pour savoir la mesure de [leur force ?]. Lundi nous saurons à quoi nous en tenir. Jusque là je m’abstiens ne sachant à quel vote entendre et ce qu’il faut choisir dans l’intérêt de ton repos et de notre bonheur. J’accepte d’avance avec résignation ton élection si elle a lieu comme je le crains et avec joie ta non élection si elle est possible [1]. Autre chose, Suzanne n’a que trois cents francs en réserve. Je te le dis pour que tu ne comptes que là-dessus le cas échéant. Comment va le pauvre petit nez de Petite Jeanne ? J’espère que cela ne laissera pas de trace. Je te charge de l’embrasser.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 5
Transcription de Guy Rosa