Paris, 3 juillet [18]79, jeudi matin, 8 h.
Tu as bien raison de dormir, mon grand petit homme, ne fût-ce que pour ne pas voir le lamentable temps qu’il fait et pour échapper au froid de loup qui rougit les nez comme en plein hiver en restant chaudement sous tes couvertures. Quant à moi, je viens de demander une chaufferettea pour me réchauffer les pieds que j’ai glacés. Je ne sais pas s’il entre dans ton programme d’aujourd’hui d’aller au Sénat ? Dans tous les cas voici le sommaire de l’ordre du jour : à deux heures séance publique. Discussion du projet de loi relatif à la remise à l’État de la Salle Favart [1] par la société civile dès le 1er mai 1879, qui ne devait aux termes de la loi du 7 août 1839 faire retour à l’État qu’au premier janvier 1880. Urgence déclarée. M. Ronjat rapporteur.
Discussion du projet de loi relatif au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris [2]. Urgence déclarée. Rapporteur M. Jules Simon.
Voilà, mon cher bien-aimé, le menu d’aujourd’hui, à toi de voir si tu veux y goûter. Moi je suis prête à tout gober après toi et avec toi, telle est ma voracité : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 168
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « chauffrette ».