26 août [18]79, mardi matin, 9 h., Paris.
Depuis le célèbre pâté de [cochon ?] sur le livre de l’aubergiste du lieu je ne crois pas que tu en aies fait un de cette dimension nullea part [1]. Malheureusement il n’y a pas chez moi d’Anglais pour le couvrir d’or [2]. Donc je le garde, ou plutôt je te le rends en échange d’un bon sourire et d’une honnête poignée de main.
J’ai su que tu n’étais pas absolument content de ta nuit, ce qui ne m’a pas consolée de la mienne qui a été déplorable d’un bout à l’autre. Heureusement que toi et moi finissons toujours par nous en retirer sur la quantité. Lesclide m’a fait demander ce matin s’il pouvait te rendre quelques services en ton absence. J’ai répondu qu’il vienne dîner ce soir et qu’il s’en entendrait avec toi. Entre temps, j’ai mis de côté le discours de Rey [3] pour le donner à Vacquerie. Il serait juste qu’il en fît au moins une citation dans Le Rappel [4] quoiqu’il soit déjà bien tard, pas trop tard, cependant, pour le proverbe qui dit : vauta mieux tard que jamais. Attends-toi à la rescousse de Vacquerie pour Villequier ce soir. Moi je suis, par état et par raison, passive pour tout ce qui ne touche pas les douloureuses susceptibilités de mon cœur. Aussi je n’interviens que pour te prier de ne pas être trop entêté dans ton parti pris de n’aller que chez Paul Meurice [5]. Ceci dit, je te laisse libre d’agir comme tu l’entendras, décidée d’avance à vouloir ce que tu veux et à être heureuse partout où tu m’aimeras uniquement et honnêtement.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 211
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « nul ».
b) « vaux ».