11 juillet 1863

Guernesey, 11 juillet [18]63, samedi matin, 6 h. ¾

Bonjour, mon cher petit l’éveillé, bonjour, je t’aime. Tu me parais avoir passé une aussi bonne nuit que moi, mon cher petit homme, quoique tu te sois levé plus matin. J’espère que tu n’en avais que mieux dormi. Encore une belle journée aujourd’hui, mais hélas ! impossibilité pour moi d’en profiter à cause du Samedi-Festival. J’espérais et j’espère encore que ton Charles ne s’en ira pas demain et que nous ferons encore quelques good promenades avec lui. Mais s’il en était autrement, mon pauvre bien-aimé, il faudra nous hâter d’avancer le voyage pour forcer ce cher enfant prodigue à venir manger le veau d’auberge avec nous le plus tôt possible. Quant à moi, j’[illis.] chez Chotin pour faire faire ma robe et je vais commencer dès à présent à préparer mes clics et mes clacs à cette intention. En attendant, il faut que j’expulse ma vieille poule et que je l’envoie chez toi parce que, contrairement à un certain père de ma connaissance, loin de vouloir retenir son GROS PETIT, elle [illis.] des gros coups de bec à tous ses poulets. Ce que voyant, je la donne à Marie Sixty. Du reste ce sera tout profit pour votre maison car elle est tout près de pondre et c’est même ce qui explique sa férocité envers ses petits. Cela étant, je reviens à mon mouton. Je t’aime et je veux te garder toujours partout et ailleurs et pendant l’éternité sans te quitter jamais quand bien même tu me ficherais des coups jour et nuit. Tel^a est mon entêtement.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 183
Transcription de Gérard Pouchain

a) « Telle ».