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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 6 novembre [18]63, vendredi matin, 8 h. ½

Je ne sais pas si tu as bien dormi, si tu te portes bien et si tu m’aimes, mon cher petit homme, mais moi je sais ce que je te souhaite et ce que je désire, et ce que j’éprouve, c’est-à-dire toutes sortes de bien, de joie, de gloire et de bonheur avec tout mon amour par surcroît. Hier j’ai été bien privée de ne pouvoir pas te gribouiller un peu de mon cœur, mais aussi je prends ma revanche ce matin, toute affaire cessante. Ce n’est pas le tout que d’avoir une maison splendide, il faut encore un peu de bonheur intérieur dans l’âme à mettre dedans. Mais quel temps, mon cher petit homme ! La tempête n’a cessé que pour faire place au brouillard le plus noir et le plus hideux. J’en suis d’autant plus vexée que nous avons absolument besoin d’errer dans la ville, non seulement pour les besoins de mon palais, mais encore pour les besoins de ma toilette. J’ai rendez-vous tantôt chez la Chotin pour essayer une forme de casaque avant de la commander définitivement et en arrêter le prix pour ne rien laisser au hasard de l’arithmétique de cette modiste panachée de couturière. Tout cela devrait se faire aujourd’hui, mais quel temps ! Voici Suzanne qui arrive de la maison et qui me dit que Marie Turpin ne peut rien faire utilement sans être dans la grande chambre à cause des morceaux à rapporter, qu’il faut absolument qu’elle puisse étaler les tapis pour savoir dans quel sens les mettre et même de quel côté, la chose dépendant du sens où tu veux que les fleurs montent ou descendent. D’autres parts, les peintres n’ont pas fini et la peinture n’est pas assez sèche pour faire de la poussière laineuse dessus. Voilà où en sont les choses ce matin. Ce sera à toi à lever toutes ces difficultés quand tu viendras tantôt, moi je ne sais que t’aimer.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 246
Transcription de Gérard Pouchain

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