1er janvier 1836, vendredi matin, [illis.] h.
Bonjour, bon an, mon adoré, viens que je te baise, que je te dise tout mon amour dans un seul mot : je t’aime. Je tiens sans aucune espèce de feu ; il n’y a d’autre bûche allumée que mon esprit, ce qui ne donne pas une grande dose de calorique. J’ai tenu à bien commencer mon année, pourvu qu’elle se continue de même.
Bonjour mon petit Toto chéri, je vous aime et je suis jalouse absolument comme l’année passée. Aussi je vous prie de ne pas vous laisser embrasser et d’embrasser le moins possible tout ce qui est embrassable, fille ou femme, jeune ou vieille. Si vous faites cela, vous serez bien bon et bien gentil et je vous en serai très reconnaissante.
Cher bien aimé, je n’ai pas encore reçu ma petite lettre [1]. Je l’attends avec bien de l’amour. Je lui ferai une bonne petite place bien chaude et bien douce sur mon cœur et dans mon cœur et demain matin je suis sûre qu’elle ne se repentira pas d’être venue me trouver. Je lui prépare une bien bonne réception. Il n’y a que toi, ta chère et adorée petite personne qui puisse être reçue avec plus de joie et de délire. Mais quand viendras-tu ? Je n’ose pas y penser car je crains d’être tout de suite triste et malheureuse, ce qui serait d’un mauvais exemple pour tout le reste de l’année. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16326, f. 1-2
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa