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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 février [1836], jeudi matin, midi ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon cher petit homme. Je crois que le remède a opéré. Il me semble qu’aux forces près, je vais mieux. Il est très probable qu’en recommençant ce soir, je serai guérie demain matin.
Pauvre ange, je suis toujours aussi triste qu’hier au soir, seulement j’ai l’espoir de te voir bientôt, ce qui m’empêche de pleurer comme cette nuit.
Je t’aime mon Victor chéri. Les mots sont bien insuffisants pour le dire, mais je t’aime. Toute ma joie, tout mon bonheur, toute ma santé, tout mon espoir et tout mon avenir sont dans toi. Aussi, quand tu t’en vas, je suis bien seule et bien triste, bien souffrante et bien découragée.
Il fait bien noir et bien froid en ce moment, aussi ai-je renoncé à notre promenade, à mon regret puisque je pouvais espérer de te voir quelques heures plus tôt pour être en état de te suivre dans tes excursions. Je vais prendre quelque nourriture afin de me rendre plus vite une gaillarde et une Juju renforcée.
Voilà ce que c’est, je vous aime, je me lève sur mon séant pour vous le dire bien haut et bien fort, je vous aime. Mon bonheur, ma santé et ma joie seraient de vous avoir là entre mes bras baisant vos lèvres fraîches et vos yeux brillants et écoutant votre voix si merveilleuse disant des choses plus merveilleuses encore.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 137-138
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


25 février [1836], jeudi soir, 8 h. 10 m.

Avant tout, que je te dise que je t’aime, que ma vie est plus que jamais attachée à la tienne. Non, va, je ne peux pas mourir puisque tu m’aimes. Je ne peux pas mourir puisque je te suis bonne à quelque chose. Jamais je ne te ferai ce chagrin-là. Depuis tantôt, je ne peux plus mourir, que lorsque tu me chasseras de mon cœur. Vous voyez bien que j’ai plus de chance D’IMMORTALITÉ que vous quoique je ne sois pas académicienne.
Bonjour, je t’aime. Si tu savais faire quelque chose de bien…… etc., tachez de n’être pas trop longtemps à votre bal et à votre théâtre bourgeois, oh ! cte BALLE ! Je vous attends pour me mettre tel emplâtre qu’il vous plaira de me mettre. Je vous assure que ma marmotte n’a plus guère que mal aux pieds et dans ce cas là vous savez le remède qu’indique la chanson [1].
Bonsoir mon Toto, bonsoir mon cher petit homme, je suis très geaie parce que je crois que vous m’aimez cent et que je suis sûre de vous aimer cent millions de fois plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 139-140
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

Notes

[1L’allusion renvoie sans doute à la chanson qui suit, si populaire que de nombreuses autres chansons se chantaient sur son air :
La marmotte a mal aux pieds,
Faut lui faire un emplâtre !
La marmotte a mal aux pieds,
Faut lui faire un emplâtre !
Quel emplâtre lui ferons-nous ?
Un emplâtre de plâtre !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !
La marmotte a mal aux g’noux,
Faut lui faire un emplâtre !
La marmotte a mal aux g’noux,
Faut lui faire un emplâtre !
Quel emplâtre lui ferons-nous ?
Un emplâtre de plâtre !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !
La marmotte a mal au nez,
Faut lui faire un emplâtre !
La marmotte a mal au nez,
Faut lui faire un emplâtre !
Quel emplâtre lui ferons-nous ?
Un emplâtre de plâtre !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !
Savonnez ci, savonnez là ! Savonnez la marmotte !

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