Guernesey, 24 juillet 1862, jeudi après-midi, 5 h. ¼
Me voici revenue, mon cher petit homme, avec mon passeport et mes divers petits achats. Tout cela m’a tenue assez de temps, mais enfin me voilà débarrassée des choses extérieures. Je voudrais qu’il en fût de même des préparatifs intérieurs, car rien n’est plus fatiguant pour moi maintenant que ces allées et venues, ces montées et ces descentes à travers mes escaliers. Heureusement que le voyage est là, c’est à dire, le bonheur. (Quel bonheur !) Pour me récompenser de ma peine cette pensée me donne du cœur au ventre et des jambes de biche, sans compter que j’espère te voir tout à l’heure avant ton dîner quoique tu aies de ton côté bien des choses à faire d’ici à lundi. Enfin, mon pauvre adoré, si tu ne peux pas venir avant le dîner, tâche de ne pas venir trop tard pour le passus et puis encore pense à moi et aime-moi, ce ne sera que justice car je t’adore et je ne cesse jamais de penser à toi, de te désirer et de t’attendre. À bientôt, mon bien-aimé et à toi mon âme toujours.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 189
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa