Guernesey, 13 décembre 1861, vendredi 8 h. ¼ du matin
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et presque bonsoir tant l’obscurité est encore profonde. Cependant, cela ne m’a pas empêchée de voir ta joyeuse télégraphie tout à l’heure et d’y répondre de tout mon corps, de tout mon cœur et de toute mon âme.
J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon adoré petit homme, et que tu te portes tout à fait bien ce matin. Quant à moi, je n’ai fait qu’un somme pendant lequel je me suis débarrassée de mon mal de tête, donc je vais très bien ce matin et je souris avec bonheur et reconnaissance à cette date fatidique 13 décembre, jour béni où je me suis rapprochée au plus près de toi et qui soude ma vie à la tienne, encore plus étroitement depuis dix ans [1]. Je ne sais pas ce que l’avenir te garde encore d’épreuves, mon pauvre grand adoré, mais je demande à Dieu de ne nous séparer ni dans la vie ni dans la mort quelle que soit notre destinée dans ce monde et dans l’autre.
Cher adoré, j’espère que tu auras demain de bonnes nouvelles de tout ton cher monde et que notre petit plaisir Marquand s’en accroitra d’autant que tu seras toi-même heureux au côté de ta famille.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 178
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette