23 novembre 1861

Guernesey, 23 novembre 1861, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Tâchez d’avoir bien dormi pour être à mon unisson de marmotte ce matin. Et tâchez aussi de m’aimer un peu si vous ne voulez pas être le plus ingrat de tous les hommes passés, présents et futurs.
Cher adoré, comment vas-tu ce matin ? J’espère que tu vas aussi bien que moi, ce qui ne laisserait rien à désirer ni au physique^a, ni au moral car je me porte très bien et je ne t’ai jamais plus ni mieux aimé. Si cela peut influer sur ta propre santé et ton propre bonheur, mon cher adoré, tu dois être bien heureux et bien portant toujours. Cher, cher, cher petit homme, que puis-je faire pour ton service et pour ton bonheur en dehors de mon amour qui t’appartient cœur, corps et âme ? Dis-le moi et je le ferai tout de suite sans hésiter et avec joie. Pense à moi et aime moi. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 159
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette

a) « phisique ».