Paris, 8 août 1882, mardi matin, 9 h.
Cher bien-aimé je vais de mieux en mieux et je t’aime de plus en plus, ce qui me paraît à moi-même impossible. Enfin, je t’annonce un ministèrea ! [1]
Duclerc Affaires Étrangères [2],
Tirard Finances,
Fallières Intérieur,
Devès Justice,
Duvaux Instruction Publique,
Pierre Legrand Commerce,
De Mahy Agriculture,
Cochery Postes et Télégraphes,
Billot Guerre,
Jauréguiberry Marine et Colonies.
Cette nouvelle nous oblige à préparer nos cliques et nos claquesb dans le plus bref délai possible, l’impatience de Mme Lockroy étant donnée, et la saison étant déjà fort avancée, surtout pour mon état de santé goutteuxc et rhumatisant. Aussi, dès aujourd’hui, il va falloir nous occuper sérieusement des préparatifs indispensables pour notre villégiature [3]. Entre temps, comme disent les bons Belges, il y a séance dans les bureaux aujourd’hui à deux heures et séance publique à trois. Je crois que tu feras bien d’y aller ne fût-ced que pour savoir un peu ce qui se passe politiquement ; peut-être, aussi, que tu ferais bien de prendre ton permis de circuler et même l’argent que tu as à la questure. Je te dis tout cela pour aider ta mémoire, si besoin est, et pour exercer ma fonction de mouche du coche, avec laquelle j’ai l’honneur de t’aimer et de t’adorer en toutee occasion ou privée ou publique [4] depuis bientôt cinquante ans.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 140
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « ministerre ».
b) « nos clics et nos clacs ».
c) « gouteux ».
d) « fusse ».
e) « tout ».