Guernesey, 10 mars [18]63, 4 h. ½ après midi
Tu es bon et généreux, mon grand bien-aimé, je te reconnais et je m’incline avec adoration devant toi. Je voudrais te promettre, avec la certitude de pouvoir tenir ma promesse, que jamais je ne me laisserai aller à la colère quand il t’arrivera de te tromper comme hier ; mais hélas, j’ai en moi une susceptibilité maladive qui me fait craindre de retomber dans les mêmes violences le cas échéant. Cependant je m’applique très consciencieusement à réprimer en moi ce mauvais penchant ; de ton côté, mon bien-aimé, tâche d’avoir, sinon la mémoire toujours présente, au moins la confiance en ma probité inébranlable. De cette façon [ligne illisible ?] j’espère que rien de douloureux ne se mettra entre nous et que nous continuerons de nous aimer sans méfiance l’un de l’autre et comme d’honnêtes gens que nous sommes. Je te remercie d’être meilleur que moi même quand tu es injuste et je te rends en amour tout ce que tu m’as donné en pardon.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 65
Transcription de Chantal Brière