Guernesey, 1er fév[rier] [18]63, dimanche 2 h. ¾ après midi
Pour être bien sûre de ne pas laisser chômer ma restitus, c’est-à-dire mon cœur, je prends l’avance sur ce qu’il me reste à faire, mon doux adoré, et je me dépêche de te gribouiller mes tendresses au triple galop de mes pattes de mouche. Il fait assez beau en ce moment pour que tu puissesa faire un peu d’exercice et sortir avec ta femme si toutefois elle ne craint pas comme moi l’humidité et les CATARRHESb. Du reste tu as vu que Kesler a fait ressortir hier tes bonnes fortunes conjugales croyant peut-être que je les ignorais mais j’ai été très contente de lui prouver que je les connaissais et que j’en étais heureuse. Cela lui apprendra à mieux placer une autre foisb SES petites malices de gros homme. Quant à moi, mon adoré, je trouve juste, utile et charmant que tu donnes à ta femme tout le temps dont tu peux disposer et que tu lui fasses faire toutes les promenades qui lui sont agréables. Pourvu que tu m’aimes tu es quitte envers moi et je n’ai pas le droit de te demander autre chose. Ceci dit du fond du cœur, je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 28
Transcription de Chantal Brière
a) « tu puisse ».
b) « CATHARRES ».
c) « une autrefois ».