9 novembre [1844], samedi matin, 9 h. ½
Bonjour mon Toto adoré, bonjour mon cher amour, bien-aimé, bonjour ma vie, bonjour mon Toto comment vas-tu ce matin ? Moi je vais bien je t’aime. J’ai été avec toi toute la nuit. Nous étions très heureux, nous étions en VOYAGE ! Hélas ! Nous sommes déjà revenus. C’est égal c’était bien bon tout le temps qu’il a duré et je consens à remonter en voiture la nuit prochaine pourvu que je ne te quitte pas. J’ai veillé cette nuit pour lire le livre de Mlle Joséphine [1] et pour lire ton journal. Je ne me suis pas couchée avant que ce ne soit fait pour ne pas te désobéir. Maintenant tu peux donnera tes conseils à ta vieille Péronnelle et le journal à ton beau-père, je ne m’y oppose pas. Jour Toto jour mon cher petit o. Je voudrais bien savoir pourquoi vous m’avez supprimé mon Siècle pour le remplacer par un AVENIR inconnu [2] ? Une autre foisa vous aurez la bonté de me donner mes feuilles de CHOUX quotidiennes. Je n’aime pas à changer de cuisine comme cela, moi. J’ai déjà beaucoup de peine à digérer celle à laquelle je suis habituée. Il faut que je détruise tout à l’heure la dernière illusion de cette pauvre Eulalie et de sa sœur [3]. C’est une vilaine commission dont tu m’as chargée. En récompense je te demande d’écrire une de ces bonnes lettres que tu sais si bien faire à M. Orfila et de tâcher de conserver sa bonne volonté pour plus tard à cette malheureuse créature. Si ce n’est pour les Incurables au moins pour unb autre établissement de ce genre. Pauvre adoré ma recommandation est inutile ; je sais que tu feras tout ce qui dépendra de toi et je t’en remercie et je t’en aime et je t’en adore du fond du cœur.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16357, f. 33-34
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « autrefois ».
b) « une ».