Guernesey, 18 novembre 1858, jeudi soir, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je ne me regarde pas encore comme investie du droit de lire ma future COPIRE ; mais j’attends avec impatience que tu m’autorises à prendre connaissance de mon précieux manuscrit le plus tôt possible et dès ce soir si tu n’y vois pas d’empêchements sérieux. Il y a si longtemps que je soupire après cette divine poésie que tu serais bien bon de me mettre à même tout de suite. Tâche de venir un peu de bonne heure ce soir pour que j’aie le temps de te voir avant que tu n’ailles au CIDRE Duverdier. En attendant, je ne veux plus avoir de stupide complaisance pour personne chaque fois qu’il s’agira de céder à d’autres MA place auprès de toi. Aussi, à la première occasion qui se présentera de revendiquer le bonheur et l’honneur de m’asseoir à tes côtés, je n’y manquerai pas, dussé-jea manquer aux SAINTES LOIS DE L’HOSPITALITÉ. En attendant, je regrette mon bon petit coin d’hier au soir, et je t’aime à cœur que veux-tu et par-dessus mon âme.
Bnf, Mss, NAF 16379, f. 325
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « dussai-je ».