7 h. du soir, lundi
On me monte à présent ta lettre. J’attends le commissionnaire que j’ai envoyéa au nom de Mme Kraft – Tout cela n’empêche pas que je ne sois dans une inquiétude mortelle – Depuis que tu m’as quittéeb, les plus tristes pressentiments se sont déchiréc mon cœur – J’ai bien besoin de t’avoir là sur mon cœur, ta bouche sur mes lèvres, pour me livrer à la joie – et à la sécurité. Malgré tout le besoin que j’ai de te voir, je ne voudrais pas que tu fisses d’imprudence – Soigne-toid avant tout – Ne prolonge pas par ta faute tes souffrances – Ne songe pas aux miennes dans cette circonstancee – je saurai bien les supporter. Il n’y a que les tiennes qui me fassentf mourir.
Je viens de me lever. J’ai été et suis encore très malade. J’ai eu des cataplasmes toute la journée – Je ne sens pas que ça m’ait soulagéeg – mais j’attribue cette opiniâtreté à l’inquiétude où je suis sur toi – Dépêche-toi donc de NOUS GUÉRIR –
Je t’aime, je t’adore, je ne partirai pas.
Juliette.
[Adresse]
Pr mon pauvre malade adoré
BnF, Mss, NAF 16322, f. 277-278
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « envoyée ».
b) « quitté ».
c) « se sont déchirés ».
d) « soignes-toi ».
e) « circonstances ».
f) « fasses ».
g) « ça m’ait soulagé ».