Rennes, 2 lettres [1] 2 [h.] du matin, 5 août
1834a
Victor, je t’aime – Victor, je me meurs loin de toi – J’ai besoin de toi pour vivre – Depuis que je t’ai tout dit – depuis le moment surtout où mes yeux n’ont plus rencontréb les tiens, il me semble qu’on m’a ouvert toutes les veines et que ma vie s’en va, sans que j’aie la volonté de la retenir – Je me sens mourir et je sens aussi que je t’aime plus à chaque douleur. Mon Victor, peux-tu me pardonner ? M’aimes-tu encore ? Est-ce que c’est vrai que tu me hais, que je te suis odieuse, que tu me méprises, que tu me repousserais la figure sur le pavé si je venais coller mes lèvres sur tes pieds en te demandant grâce ? Oh ! si tu m’aimes encore, si tu peux m’estimer encore, si tu peux tout pardonner – dis-le – et je ferai tout ce que tu voudras, je ferai tout ce que tu voudras, je ferai tout, mon Dieu ! Dis, veux-tu encore de moi – Je suis bien malade.
[Adresse]
Pr Monsieur Victor H…
BnF, Mss, NAF 16322, f. 202-203
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « rencontrer ».