Mercredi, 1 h. moins ¼ du matin
Pauvre ami, je ne veux pas me coucher avant de t’avoir souhaité la bonne nuit, avant de te donner sur ce papier les baisers que je n’ai pas pu te donner à mon aise devant ce stupide cochera. Je te remercie, mon cher bien-aimé, de ta feinte colère avec ce vilain homme. Cela l’a remis au pas, je t’en réponds. Ce que je craignais, c’est que tu n’éveillassesb tes gens. Ce que je crains maintenant, c’est que tu aies joué trop au sérieux la colère et que cela ne t’agite pour la nuit – J’espère que non pourtant, et que je te verrai demain de bonne heure, gaic, bien portant et heureuxd. Oh ! surtout sois heureux. J’ai tant besoin de ton bonheur pour me sentir vivre.
À demain. Bonsoir. Dors bien. Je vais penser à toi, rêver de toi, n’aimer que toi.
À bientôt.
Juliette
[Adresse]
12e
Pr toi mon Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 157-158
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « stupide clocher » est souligné deux fois.
b) « éveillasse ».
c) « gaie ».
d) « heureux » est souligné deux fois.