5 juillet [1837], mercredi, 9 h. ¾ du matin.
Bonjour mon cher petit homme bien aimé, bonjour. Le temps s’est bien refroidi depuis hier. J’espère que cela n’empêchera pas notre petite ORGIE d’avoir lieu aujourd’hui. Ce serait une double punition pour moi : celle de ne pas être avec vous, et celle de ne pas pouvoir demander à [N [1]. ?] de finir enfin ce portrait dont j’ai le plus grand besoin. À propos de ça, j’ai bien envie de vous faire peindre en costume, mon OFFICIER. Cela me flatterait d’avoir sur mon mur un homme revêtu des insignes de L’HONNEUR. Que j’éprouve de charmes à voir tous les soldats lui présenter les armes grâce au signe brillant dont il est décoré. Je suis digne de lire RACINE comme vous voyez [2]. La bonne et saine littérature ne m’est pas étrangère, et je laisse de côté ce vil ramas de BAMBOCHES [3] connues sous le nom de poésie… CANAILLE ! Bonjour mon cher petit homme adoré. Tu n’es pas venu petit bêtaa. Cependant vous auriez été bien reçu, et toutes les voiles dehors. Vous ne savez pas prendre les bons moments. Avec ça qu’il faut que je fasse un joli travail de furetage aujourd’hui, vous auriez bien dû venir me donner un peu de cœur au ventre [4]. Je vous aurais bien baisé et bien caressé, cela m’aurait mise en trainb [5]. Vous voyez bien que vous êtes une vieille bête.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16331, f. 19-20
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein