Guernesey, 20 septembre 1858, lundi matin, 8 h.
Bonjour, mon cher petit homme bonjour, bonne santé et beauCU de bonheur je vous souhaite ce matin et tout le reste de votre vie. Vous étiez si bien, si content et si heureux hier au soir que je me crois autorisée à vous faire ce souhait joyeux, jovial, jocosophe [1]. Maintenant que vous voilà guéri ou tout comme, il faudra songer à remplir vos obligations avant la fin finale des beaux jours. Aussi, vous ferez bien de fixer un jour ou plutôt une semaine pour choisir ce jour de pique-nique que nous détenons indûment depuis le printemps. Quant à moi, je suis impatiente de me débarrasser de la responsabilité de ce dépôt de confiance, sans compter que je ne serais pas fâchée de vous voir chevaucher en voiture au nez et à la barbe du Soleil et de son auguste famille la Lune. Et à ce sujet, je voudrais que vous trouvassiez le moyen d’emmener le bon docteur à qui vous devez l’étrenne de votre guérison et de beauCU de reconnaissance. Je ne sais pas si c’est possible, Lefèbvre et Mme Ménage étant donnés, mais je sais qu’il sera difficile de ne pas mettre le docteur de cette partie, si jamais nous la faisons, ce dont je doute un peu, Mme et Mlle Lucas [2] arrivant jeudi. Enfin, mon bien-aimé, tu feras ce que tu pourras et ce que tu voudras cette fois comme toujours. L’important pour moi n’est pas d’être écoutée mais que tu sois content et heureux à ta manière. Je t’aime.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16379, f. 267
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette