Paris, 17 février [18]79, lundi matin, 8 h.
Continuation de mon bonheur, mon cher bien-aimé, puisque tu as passé une bonne nuit ; Mariette l’affirme et je suis trop heureuse de la croire en espérant qu’elle ne se trompe pas. Moi aussi j’ai très bien dormi ; il est vrai que j’avais accumulé deux nuits de douce insomnie à relire mon cher livre rouge [1] ainsi que toutes tes adorables lettres que j’y ai jointes au fur et à mesure que tu m’en écrivais. Cette besogne faite, je me suis endormie à trois heures du matin jusqu’à tout à l’heure où je me suis réveillée en te souriant et en t’adorant. Je voudrais être déjà à [mercredi ?] pour entendre ton speecha sur l’amnistie et pour prendre possession de La Pitié suprême. Paul Meurice doit t’apporter plusieurs exemplaires à signer ce jour-là parmi lesquels j’espère bien en avoir un pour moi toute seule. En attendant je me prépare déjà pour le Sénat demain et pour t’aimer et te bénir je suis toujours prête.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 51
Transcription de Chantal Brière
a) « speach ».