Guernesey, 23 juin 1858, mercredi, 7 h. du matin
Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour, mon pauvre petit souffrant, bonjour, avec toute la tendresse de mon cœur et de mon âme. Ne te tourmente pas, je t’en supplie, des soins à donner à ta chère santé, car rien ne sera plus facile et je t’y aiderai de tout mon amour et de toute ma bonne volonté. Déjà ce matin l’eau est sur le feu et sera prête quand tu voudras prendre ton bain de pied [1]. Je vais faire acheter des quatre fleurs et du sirop de gomme pour que tu puisses commencer tantôt cette petite tisanea adoucissante. Quant aux bains de siège, s’il t’en faut absolument, rien n’est plus facile que d’acheter une baignoire chez Ozanne, ce meuble étant d’ailleurs presque indispensable dans une grande famille comme la tienne. S’il n’y en avait pas chez Ozanne, j’ai remarqué pas loin de DIVIDENDE un ferblantier très bien assorti qui doit en avoir. Ainsi, mon cher petit Toto, ne te préoccupeb pas désagréablement de tous ces petits accessoires indispensables pour te guérir tout de suite. Quant à moi, mon bonheur sera de te soigner et de contribuer pour ma part à te rendre à ta bonne et très importante santé habituelle.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 133
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « tisanne ».
b) « préocupe ».