Guernesey, 4 mai 1858, mardi soir 7h
Je t’en supplie, mon bien-aimé, ne t’inquiète pas du petit désordre de ma santé qui n’est rien au fond mais qui pour le moment m’ôte tout courage et m’empêche de penser à quoi que ce soit en dehors de mon amour. Demain probablement je serai très bien et même dès ce soir j’espère bien profiter de ton petit thé pour me remonter un peu le physiquea et le moral. En attendant, je fais vie qui dure comme je peux en barbouillant ma restitus, en recollant mon verre en cherchant dans le résidu de mes pénaillons de quoi me faire des casaques de chambre pour finir d’user mes vieilles jupes. Ces passe-tempsb ne sont pas très fatigantsc comme tu vois, mon cher adoré, et ce n’est pas à eux que je devrai attribuer le redoublement de mal de ma tête que j’ai ce soir. Je le laisse pour son propre compte sans en charger rien ni personne que lui-même [illis.] que t’aimer de plus belle et de plus fort en plus [illis.]. Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 94
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « phisique ».
b) « passes-temps ».
c) « fatiguants ».