Guernesey, 22 février 1858, lundi soir, 6 h. ¼
J’étais sûre d’avance que tu ne pourrais pas revenir avant ton dîner, mon cher petit homme, c’est pour cela que je tenais tant à te garder auprès de mon feu au risque de te faire manquer d’exactitude avec tes ouvriers habitués à te voir avant la fin FINALE de leur journée. Du reste, je reconnais que tu as raison de les surveiller de très près même quand cela me prive du bonheur d’être avec toi, et à ce sujet, je te dirai que je suis fort attrapée que tu sois allé sans moi acheté ton viers coffre [1]. J’espérais, sous ce prétexte, faire demain une bonne grande promenade avec toi et j’avais même promis à Suzanne que nous l’emmènerions avec nous ; mais ton impatiente penaillone n’a pas pu attendre jusque là, ce qui fait que tous mes beaux projets sont à vaub l’eau et que j’en suis réduite à Mlle Loisel pour toute promenade. Cependant, j’en prendrai gaiementa mon parti si tu reviens de bonne heure ce soir, si tu es de bonne humeur, et si tu m’aimes. En attendant, moi je t’aime plus que de raison et je fais toute ma joie et tout mon bonheur de t’aimer de tout mon cœur.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 41
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « gaiment ».
b) « veau ».