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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 juin 1848

3 juin [1848], samedi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon noble bien-aimé, bonjour, mon divin adoré, bonjour. Plus tu vas en avant et plus tu grandis dans l’admiration générale. Plus je vais en avant et plus je t’aime, plus je te vénère et plus je t’adore. Aujourd’hui il me semble impossible que nous nous surpassions chacun dans nos attributions, toi dans ton génie, moi dans mon amour, mais ce que je sais à coup sûr, c’est que tu ne seras jamais au-dessous de toi-même et que jamais je ne pourrai t’aimer moins. Je ne sais pas m’exprimer clairement mais tu as l’habitude de débrouiller les idées les plus emmêlées témoin les gribouillis de ce pauvre Alphonse [1] et les miens. Aussi je suis bien tranquille sur la traduction que tu feras de mon charabiaa amoureux et dévoué et à ce sujet je te dirai que j’ai encore oublié de te faire emporter le reste des professionsb de foi [2]. Cependant elles auraient pu être utiles étant bien placées. Du reste, je ne me sens pas assez de goût pour cette élection pour être bien affligée du plus ou moins de chance qui peut te la faire perdre ou gagner. Je t’aime, voilà ma seule vraie opinion et je vote pour notre amour éternel et notre bonheur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 211-212
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « charabiah ».
b) « des profession de foi ».


3 juin [1848], samedi midi

Je t’envoie ma pensée, mes baisers et mon âme, mon Victor adoré. Fais-leur bon accueil afin que mon cœur s’en réjouisse et que ton absence me soit moins insupportable. J’avais envie d’envoyer chez toi les professionsa de foi dans le cas où tu pourrais encore les faire placer aujourd’hui et puis je ne l’ai pas fait dans la crainte d’indiscrétion de ma servarde [3] ou de la tienne. Si tu pouvais venir tout à l’heure, ce serait tout ce que je pourrais souhaiter de plus heureux mais je n’ose pas m’y fier. Je sens trop combien ces derniers moments vont être pris et disputés par tout le monde. Hélas ! Jusqu’à présent c’est toujours moi qui paie de mon bonheur tous les frais de la guerre et de la République, y compris les élections. Je ne t’en veux pas mais je commence à trouver que c’est un peu cher. Je voudrais bien un gouvernement à bon marché qui nous permette de nous donner une petite culotte de temps en temps sans préjudice du reste. En attendant j’attends et je ne suis pas contente, je m’insurge et je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 213-214
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « les profession de foi ».

Notes

[1On ne sait de qui il s’agit.

[2Victor Hugo, qui a rendu publique sa profession de foi électorale le 26 mai, a été désigné par les cinq associations d’art et d’industrie pour être leur candidat aux élections complémentaires des 4 et 5 juin.

[3Suzanne.

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