Paris, 13 mars [18]78, mercredi, midi ¾
Cher bien-aimé, on me dit que tu dois aller au Rappel [1] tout à l’heure et j’espère que tu voudras bien m’y mener avec toi. Le bonheur de me retrouver avec toi sur le pavé de Paris me fait narguer le froid inattendua d’aujourd’hui et braver crânement la date redoutée du 13. J’espère aussi que tu trouveras moyen de nous rendre libres tous les deux demain soir jeudi et samedi prochain en ajournant Messieurs de la Chambre Haute qui ne se gênent pas avec nous quandb il leur plaît de venir ou de ne pas venir au rendez-vous de la fourchette de quinzaine. Mais voici Mme Lockroy, je finirai mon gribouillis tantôt.
7 h. du soir
Cher bien-aimé, le bonheur de ma sortie avec toi tantôt est bien troublé par la crainte que tu me donnes de n’être pas avec moi à la répétition des Misérables [2] demain ni à la représentation de samedi. J’en suis tellement consternée que je ne sais pas si j’aurai le courage d’y aller seule ni à l’une ni à l’autre. Mon bonheur c’est d’être avec toi et quand je ne le peux pas de rester seule dans mon coin à t’aimer de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 71
Transcription de Chantal Brière
a) « inatendu ».
b) « quant ».