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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 22 janvier [18]78, mardi soir, 4 h.

Tu vois, mon grand bien-aimé, combien j’ai raison de me méfier de mon ignorance depuis quarante cinq ans que je vis à ton ombre, je n’ai rien appris et tout oublié, si ce n’est de t’aimer de toutes mes forces, de tout mon cœur et de toute mon âme. Personne ne m’en remontrera là-dessus, pas même toi et j’en suis bien fière et bien heureuse. Cela étant, mon doux adoré, il faut bien, chaque fois que ton service l’exige, que tu viennes en aide à mon ignorance de tout : depuis l’orthographe jusqu’aux usages du monde. Je n’en serais pas autrement humiliée si je ne craignais pas que cela t’ennuie et te fatigue, surtout en ce moment où tu as tant à faire. Je m’en veux d’ajouter malgré moi à ton fardeau et je m’en attriste comme d’un tort volontaire et cependant Dieu sait si je t’aime et comment je t’aime !…
En attendant que je puisse te le prouver au ciel je continue de t’aimer à ma façon sur la terre. J’ai écrit tout à l’heure à tous les Bowes et à tous les Lucas de venir dîner avec nous vendredi prochain. Quant à Philibert Audebrand, si tu veux, je l’inviterai pour dimanche ? N’oublie pas tes visites à Paul Meurice et à la famille Vacquerie . N’oublie pas surtout et avant tout et par-dessus tout de m’aimer, moi, qui t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 19
Transcription de Chantal Brière

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