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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 septembre [1847], dimanche matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon très aimé, bonjour, mon adoré Toto, bonjour, mon cher petit malade, comment avez-vous passé la nuit ? J’enverrai Joséphine le savoir tout à l’heure, mais jusque-là je viens prier le bon Dieu pour que les nouvelles soient bonnes. Je ne veux pas que tous ces Toto-là soient malades ou tristes. Je veux qu’ils aient très bon appétit et qu’ils soient très méchants puisque chez eux c’est un signe de santé et de gaieté. Vous avez eu beau faire et beau dire, M. Fouyou est resté prisonnier. Seulement vous m’avez fait beaucoup de mal parce que j’étais très courbaturée. Voime, voime. Toto est féroce à preuve qu’il ne veut même pas que je me serve de ses bonnes plumes et que je suis obligée d’en tailler moi-même pour mon travail. Mon doux bien-aimé, je ris avec toi parce que j’espère que rien de plus sérieux n’est survenu depuis hier dans l’état de tona fils et de ta femme. Rien ne me serait plus triste que de supposer le contraire et en attendant des nouvelles certaines je fais la meilleure contenance que je peux devant l’incertitude des jours, Toto, jour mon cher petit o. Vous n’avez pas gagné le miroir chinois, aussi vous ne l’aurez pas. Je le garde pour vous corrompre dans une grande occasion. En attendant je vous en envoie le portraitb. C’est toujours ça, c’est mieux peut-être. J’ai presque envie de vous le reprendre. Dame, je n’ai pas besoin de vous donner des chefs-d’œuvre quand vous ne me donnez rien.

Juliette

Collection particulière / MLM / 35393
Transcription de Gérard Pouchain

a) « ta ton ».
b) Dessin : Juliette Drouet a dessiné un balai avec un miroir dans lequel elle a écrit « vous ».

« coll. privée / Musée des lettres et manuscrits, Paris. »

5 septembre [1847] [1], dimanche après-midi, 1 h.

Je sais que ton Toto a bien passé la nuit et que le médecin le trouve bien ce matin, aussi je m’en réjouis avec vous tous mes chers amis et avec toi surtout mon bien adoré Victor. Tu serais bien gentil de profiter de cette journée de calme pour venir de bonne heure travailler auprès de moi. Tu sais que c’est aujourd’hui dimanche et il est à craindre qu’on ne vienne justement à l’heure où tu as l’habitude de venir. Je sais bien que je peux laisser ces braves gens s’amuser touta seuls dans un coin, mais cela n’en est pas moins gênant pour moi de sentir que nous [ne] sommes pas entièrement seuls et à nous-mêmes dans la maison. Peut-être aussi ne viendra-t-il personne à cause des émeutes dont Suzanne prétend que la rue Rambuteau, la halle et la rue Saint-Honoré sont pleines. Il y a évidemment exagération dans le récit de ma servarde mais cependant il doit y avoir quelque bruit dans Paris. Je suis tranquille parce que je sais que tu n’as pas affaire de ce côté-là et je suis contente parce que notre Toto va mieux. Je t’aime de toutes mes forces et je t’attends de toute mon âme.

Juliette

Collection particulière / MLM/41221
Transcription de Gérard Pouchain

a) « tous ».

Notes

[1En 1841, elle écrit une seule lettre, le soir, où elle dit qu’elle n’a pas encore eu le temps de lui écrire de la journée. Il y a des émeutes à Paris du 31 août au 7 septembre 1847.

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