9 août 1856

Guernesey, 9 août 1856, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, comment vas-tu ce matin et comment as-tu passé la nuit ? J’espère que tu ne te ressens plus de ta petite indisposition et j’espère encore que tu seras plus prudent à l’avenir. Tu as une admirable santé, c’est vrai, mais qu’il faut d’autant plus ménager que c’est ma sécurité, ma joie et ma vie. Ne l’oubliez pas, mon cher petit homme, ou je vous fiche des coups. Si vous êtes réveillé, vous devez voir un affreux brouillard gris, épais et maussade qui ne paraît pas pressé de quitter l’horizon. Pourtant, nous ne sommes qu’au mois d’août, que sera-ce donc en BRE [1] ? Cela ne m’empêche pas de trouver l’île charmante et d’y vivre très heureuse auprès de vous avec la perspective d’un bonheur encore plus grand quand je serai votre voisine. Je voudrais déjà être dans ma petite maison même sans les splendides REGISTER de M^rs Allez^a. En attendant, si je ne reçois pas de lettre de la mère Lanvin aujourd’hui et aucune nouvelle de nos caisses, je commencerai à m’inquiéter et je serais d’avis d’écrire à l’administration, même pour savoir ce qui signifie ce retard prolongé. Tu verras si tu es de mon avis pour cela. Dans tous les cas, je me rangerai au tien quel qu’il soit car tu es meilleur juge en toutes choses que moi. Il est toujours bien étonnant que nous n’ayons jusqu’à présent ni vent ni nouvelle de ces pauvres caisses tant et si bien recommandées. Je m’impatiente, je m’inquiète, je bisque, je rage et je n’y peux rien ; mais je me venge en t’aimant encore plus. Attrapé !

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 211
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « Missis Hallez ».