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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mars 1856

Guernesey, 16 mars 1856, dimanche après midi, 3 h.

Cher bien-aimé, je ne demande pas mieux que d’être très GEAIE et très bien portante, mais jusqu’à présent je suis assez maussade et très souffrante. Il est probable que tout cela se dissipera dès que je te verrai. Mais jusque-là il faut que je me résigne à être grognon et blaireuse. J’ai essayé ce matin du fameux remède d’Yvan [1]. Jusqu’à présent je ne suis parvenue qu’à me mettre la poitrine, l’estomac et le dos à vif. C’est quelque chose mais ce n’est pas tout ce que je désire. Après cela il faut de la patience et c’est ce dont je suis presque toujours au dépourvu. Je compte donc sur toi, mon bon petit homme, pour m’en donner un peu, et pour me guérir tout à fait, tâche de venir le plus tôt possible. Du reste il fait un temps à ne pas rester longtemps dans une chambre sans feu, tu feras donc bien de venir te sécher et te réchauffer chez moi bien vite. Si tu y pensesa apporte-moi des livres car je n’ai plus rien à lire et j’ai les yeux trop fatigués pour pouvoir coudre longtemps et surtout le soir. J’attends les beaux jours avec impatience pour pouvoir sortir avec toi. Le jour où nous reprendrons nos bonnes petites promenades à travers les petits chemins et les grands rochers sera un jour heureux et béni pour moi. Jusque là je regarde assez tristement pousser les feuilles et passer les voiles à l’horizon. Je t’aime, mon Victor, je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 90
Transcription d’Élodie Congar assistée de Chantal Brière

a) « pense ».

Notes

[1Les docteurs Melchior Yvan et J. Itard avaient cosigné un pamphlet intitulé Friction électromagnétiques administrée à Frère Jacques, en réponse à une polémique qui les opposait à l’un de leurs confrères le docteur Jacques Poilroux, auteur d’un Traité de médecine légale criminelle, paru en 1834. Juliette évoque ici une friction vigoureuse.

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