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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 décembre [1838], samedi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon petit homme chéri, eh bien vous êtes bien venu n’est-ce pas ? Si je n’avais pas pris mes sûretésa d’avance cette nuit, où en serais-je maintenant ? C’est égal, vous auriez dû revenir ne fût-ce que pour l’honneur du CORPS auquel vous appartenez. Je veux dire du corps d’amoureux bien entendu. Je vous écris de mon lit où je suis encore pour économiser mon bois. Il n’est que dix heures et demie quoique ma pendule marque une heure de plus. Je vais écrire la lettre denvoi à Mme Krafft toute prête pour que tu la voies quand tu viendras. J’ai envoyé changerb les 500 F. Je suis en mesure pour tout, grâce à toi, mon adoré bien-aimé. J’ai le cœur gonflé de tous les sentiments tendres et reconnaissants. Je voudrais pouvoir te donner ma vie en même temps que mon amour. Oh je t’aime mon Toto bien-aimé. J’espère que ce que nous allons faire aujourdhui pour nous débarrasserc de cette ignoble Potel est bien arrangé ainsi et que cela n’ouvrira pas la porte à d’autres créanciers non moins ignobles. Je ne peux pas te dire à quel point je redoute d’avancer sur ce point. D’y penser cela me donne la fièvre. Je ne sais pas ce que je n’aimerais pas mieux à présent que de faire des dettes. Mon Dieu la hideuse et avilissante chose et que tu es grand et noble mon adoré de m’aimer malgré mon passé qui est si triste et malgré mon présent qui est si inquiétant et si hideux. Oh je t’aime de reconnaissance et d’amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 236-237
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « sûretées ».
b) « changé ».
c) « débarasser ».


15 décembre [1838], samedi soir, 6 h. ¼

Mon cher petit bien-aimé, je ne suis pas encore débarbouillée et Suzette n’est pas encore revenue de ses deux courses. Je vous aime mon Toto. Je ne suis pas geaie parce que je ne souperai pas avec vous et parce que vous ne penserez pas à moi de la soirée et que vous ne regretterez pas notre pauvre petit souper de ce soir qui aurait été si gentil si vous l’aviez voulu. Enfin je ne veux pas vous grogner mais je suis très triste voilà le fait. Je voudrais bien que Jourdain pût venir demain : voici Suzette qui m’annonce que les ouvriers viendront demain à côté. Quant à Mme Krafft, elle me fait dire qu’elle va s’occuper tout de suite de notre affaire, ainsi tout est aussi bien tracé qu’on peut le désirer. Et si nous avions dû manger ensemble ce soir, je serais la plus heureuse fille du monde. J’espère mon Toto que vous n’irez pas à la Renaissance ce soir ! Il n’y a pour vous aucune nécessité d’aller au théâtre le jour [où] on y donne un concert. Aussi, je vous en prie, mon amour, n’y mettez pas les pieds si vous ne voulez pas que je sois horriblement jalouse. Soir mon petit i. Je ne suis pas en train de rire mais je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 238-239
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

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