Paris, 16 août [18]77, jeudi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, voilà déjà neuf ans que cette date radieuse est bénie au ciel par nos chères âmes et sur la terre par nous, celle de la naissance, je devrais dire : Renaissance, de ton cher Petit Georges [1]. Donc, c’est aujourd’hui fête pour nous, aussi je propose d’y faire figurer un toast en vin de champagne si tu le permets, comme je n’en doute pas [2]. Un peu de gaîté extra est de rigueur aujourd’hui. Je propose encore d’ajourner à samedi le dîner de Robelin et de garder notre vendredi, demain, pour un dîner en famille au cabaret si cela plaît à madame Lockroy. C’est ce que nous saurons tantôt. En attendant, tu feras bien de répondre tout de suite à ce pauvre Gaulier qui me paraît assez découragé et triste. Quant à sortir tantôt, j’y renonce, non seulement pour aujourd’hui, mais pour tout le temps qu’il fera chaud car je m’en suis mal trouvée hier. Tu pourras mettre le temps plus utilement à profit pendant que je continuerai de t’adorer dans l’ombre.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 222
Transcription de Guy Rosa
[Souchon]