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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 septembre [1838], mardi après-midi, 3 h. ¼

Mon cher petit bien-aimé, vous me laissez un tas de lettres sur la cheminée, peu encourageant et peu inspirateur, car l’empressement que vous manifestez à lire mes lettres n’est rien moins que flatteur. Je voulais ne pas vous écrire pour vous épargner à vous une impolitesse, à moi un chagrin, mais j’ai pensé que vous feriez peut-être semblant d’en être fâché et je n’ai pas voulu vous donner cette peine. Je vous écris donc de mon encre la plus noire et de mon amour le plus pâle, pour faire des contrastes et pour satisfaire à une exigence absurde comme presque toutes les exigences. Je vous aime, c’est très vrai, mais ce n’est pas une raison pour vous écrire deux fois par jour des gribouillis que vous ne faites pas même semblant de lire. Sur ce, je vous prie de ne pas me trahir au dehors. C’est bien assez de vous avoir indifférent au-dedansa sans encore craindre pour votre fidélité. Je vous aime, je suis triste et de mauvaise humeur. Je vous aime, je vous aime, je vous aime, je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 259-260
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « au de dans ».


25 septembre [1838], mardi soir, 9 h.

Mon cher petit homme, vous êtes sans doute alléa à Boulogne puisque je ne vous ai pas vu de la journée ? Tâchez au moins de venir coucher avec votre Juju puisque vous n’êtes pas venu ni dans la journée ni dîner. Je n’ai pas encore pu lire ma pièce ni étudier mon rôle malgré toute l’envie et tout le désir que j’en ai. J’avais à peigner ma fille, et moi je n’ai eu fini qu’à l’heure du dîner. Ma pendule avance d’un quart d’heure J’ai compté ma dépense et fait ma couverture. Maintenant je vais m’y mettre d’arrache-pied. J’aime mon Toto. Je suis pas GEAIE mais j’aime mon Toto. Je voudrais le voir mon Toto, je voudrais le baiser, le [tontonner  ?], le caresser, le dorloterb, le bichonner, et le ravigoterc, mon Toto. Soir Toto. Je regarderai dans votre bourse ced soir, je verrai ce que vous avez dépensé et malheur à vous si vous avez un sou de moins qu’il ne faut. Baisez-moi, aimez-moi, pensez à moi, désirez-moi et soyez sage.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 261-262
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « allez ».
b) « dorlotter ».
c) « ravigotter ».
d) « ce ce ».

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