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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juillet [1838], samedi, 11 h. du matin

Je t’aime mon Toto, je vous aime mon Victor, je vous adore mon petit SAINT. Je voulais d’abord vous écrire sur du grand papier sous prétexte que c’est votre fête et que je vous aime depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre avec tant d’ardeur et d’activité que j’ai des [légions ?] d’amour qui ne demandent pas mieux que de sortir à la première occasion. Mais, s’il est doux de s’épancher, il est triste de fatiguer tes beaux yeux. Aussi, je me suis imposée de ne t’écrire que ton petit contingent de deux petites lettres et d’y faire tenir le plus d’amour possible ; en serrant bien je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Tu vois, mon adoré, que tout va très bien comme ça et puis je vous ai acheté un énorme bouquet, une botte de lavande grosse comme vousa. Qu’est-ce que vous dites de ce dessin ? Il me semble que les grands peintres, y compris un certain poète, sont légèrement collés ? À propos, j’ai vu Lanvin ce matin qui ne venait pas pour me voir car il portait une lettre qu’il avait écrite mais, comme le bruit de la sonnette s’estb fait entendre, cela m’a réveillée. J’ai passé mes bas et ma robe de chambre et je lui ai parlé. Je suppose qu’il venait de chez toi ou qu’il y allait car ce qu’il avait à me dire n’était pas très intéressant. Mais moi, j’ai à te dire quelque chose qui m’intéresse plus que ma vie, c’est que je t’aime, c’est que je t’adore, mon saint Victor.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 83-84
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) Dessin d’un bouquet de lavande :

© Bibliothèque Nationale de France


b) « c’est ».


21 juillet [1838], samedi soir, 7 h. ¾

Je suis bien mal partagée, mon adoré, pour le jour de ta fête. Je ne t’ai même pas encore vu. Je suis triste mais tu n’exiges pas que je sois gaie, n’est- ce pas mon petit homme ? Ce serait de la cruauté car rien n’est plus soulageant quand on a du chagrin que la tristesse. Aussi, j’en use depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. Je ne t’en veux pas, mon Toto. Je sais bien que tu travailles et que c’est ta fête, deux raisons qui t’empêchent de venir. Mais enfin, je peux bien soupirer après ma journée perdue et désirer une meilleure soirée. C’est ce soir, mon amour, que je déposerai sur vos souliers à boucles ma BOTTE de lavande nouée avec un ruban de paille [1]. Vous pourrez avec elle embaumera toute votre maison à la barbe de M. Ganal [2] qui n’empaille que les banquettes de la Porte-Saint-Martin. Je ris, mais je ris, je ris. Tiens, pardib ?, si vous n’êtes pas content de cette grimace-là, c’est que vous êtes très difficilec et je renonce à vous rien peindre même mon portrait pour le jour de votre fête. Je t’aime, mon Toto, mais je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 85-86
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « embeaumée »
b) « pardie ».
c) Autoportrait de Juliette riant :

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1Cette botte de lavande est évoquée et dessinée dans la lettre précédente.

[2À identifier.

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