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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 26 octobre [18]73, dimanche soir, 4 h. ¾

Je suis encore plus heureuse de ton installation près de moi, mon cher bien-aimé, que tu [ne] l’es toi-même, car pour toi ce n’est qu’un pis-aller que tu réformeras le plus tôt possible et que pour moi c’est mon rêve étoilé que je regretterai de toute mon âme dès qu’il aura cessé ; en attendant cet inévitable dénouement, je jouis de mon bonheur dans toute sa plénitude. Il sera toujours assez temps de m’en attrister le jour où il me manquera. Pour le moment je ne pense qu’à faciliter ton travail et à alléger tes soucis et tes ennuis. Je te supplie d’user sans crainte et sans contrainte de toute ta liberté. Pourvu que tu me laissesa t’aimer à cœur que-veux-tu, je me déclare satisfaite. Je te recommande aussi de ne pas trop t’exposer à la pluie, ne serait-ce qu’à cause du proverbe : tant va la cruche à l’eau etc, pantoufleb. Je voudrais être plus vieille encore d’un jour pour connaître le sort de ce pauvre E. Lefèvre. On a beau savoir qu’il n’y a rien contre lui, au contraire, il est impossible de ne pas être inquiet en pensant aux juges et à la justice d’à présent [1]. Cependant j’espère qu’il sortira de là sain et sauf, heureux d’en être quitte pour quatre mois de prison cellulaire. Tâche de ne pas revenir trop tard, à cause de Mme Meurice. Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 302
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « laisse ».
b) « pantouffle ».

Notes

[1Allusion à élucider.

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