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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mai 1873

Guernesey 10 mai [18]73, samedi 8 h. du m.

Comment as-tu passé la nuit mon pauvre grand adoré, et où en est ton bobo ce matin ?
J’attends depuis une heure le moment d’envoyer chercher de tes nouvelles sans te déranger. Je crois qu’il est venu et je te décoche la vieille Suzanne te porter ce tendre petit mot en lui recommandant de se mettre à ta disposition et à celle de tes servantes dans le cas où ses services pourraient vous être utiles à toi et à elles. Moi-même, mon adoré bien-aimé, je me mets spécialement à tes ordres pour ce que tu voudras, trop heureuse si je peux t’épargner un peu de souffrance ou d’ennui. Je n’ai pas la moindre inquiétude sur ton bobo mais je sens qu’il peut te troubler dans ton divin travail et cela m’attriste autant que si c’était plus grave. Ne t’impatiente pas, mon bien-aimé demain probablement, la lancette de Corbin aidant, tu seras débarrassé de ce bobo malencontreux. En attendant use de moi et de tout mon personnel le jour la nuit pour toute chose. Je te souris, je te bénis, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 129
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette


Guernesey 10 mai [18]73, samedi midi

Suzanne me dit que tu t’es peut-être un peu trop fatigué en restant debout pour ranger tes papiers, mon pauvre trop courageux bien-aimé, puis elle ajoute que tu viens de prendre un bain de pied émollient et qu’on te prépare un cataplasme et que tu espèresa être bientôt sur un vrai bon pied. Je l’espère aussi car d’après ce que j’en ai vu hier cela ne peut pas durerb longtemps, surtout si tu te soignes bien et que tu ne fatiguesc pas ton talon. Le temps continue à être bien brumeux ; peut-être le sage serait-il de t’abstenir de la voiture aujourd’hui et même tout le temps que dure ton bobo. Je sais bien, tu as besoin d’air et de diversion à ta contention d’esprit et je sais aussi combien j’ai de bonheur à me trouver avec toi à l’air libre mais ce n’est pas une raison pour risquer de retarder ta guérison d’une minute. Penses-y et tâche de tout concilier si c’est possible, ton bobo et notre chère petite promenade. Moi je veux tout ce qui te fait du bien et tout ce qu’il te plait, voilà toute ma thérapeutique.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 130
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « espère ».
b) « duré ».
c) « fatigue ».

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