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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 juin 1838

24 juin [1838], dimanche après-midi, 1 h. ½

J’ai bien du regret mon petit homme chéri que tu ne puisses pas nous mener au Théâtre-Français ce soir à une heure possible. Même en ne nous arrêtant pas et en mettant les morceaux doubles, nous ne pourrions pas être prêtes à partir à six heures. Si j’étais seule, je ne dis pas, parce que rien ne m’arrêterait pour aller vous admirer, mon amour, mais je ne peux pas imposer mon enthousiasme à tout le monde. Quand je dis imposer, je m’exprime mal, je veux dire que je suis forcée de donner à dîner à Mme Pierceau auparavant de la mener à MARION. Si tu pouvais toi-même [transposer ?] l’heure de ton dîner et venir me prendre tout de suite à pied tu serais bien i et je t’aimerais de toute mon âme. Mon cher petit homme, je vous aime, je suis bien heureuse et je vous adore. Il fait une chaleur de chien, je voudrais bien attraper des coups de soleil autre part que dans mon alcôve. Je donnerais un doigt et même tous les doigts des mains et des pieds pour être avec vous aujourd’hui au Mont-Saint-Michel.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 304-305
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain


24 juin [1838], dimanche soir, 6 h.

Il est six heures à ma pendule et Mme Pierceau n’est pas encore venue, ce qui te prouve, mon bien-aimé, que j’avais raison de ne pas m’engager à être prête à 6 h. puisque à cette heure-là, c’est tout au plus si la mère Pierceau sera arrivée. Cependant je tiens plus que jamais à voir ma Marion. Tu serais bien gentil si tu dînais de ton côté de bonne heure et si tu venais tout de suite après me prendre pour aller au théâtre. J’ai là votre romance, elle est très sentimentale et a dû faire connaître dans ce temps-là quel poète vous seriez un jour. Je voudrais bien avoir l’original de Virelai avec les vignettes, ça doit être bien ravissant. Si par un tour de passe-passe bien exécuté on pouvait la retirer des griffes du beau-père, ça m’arrangerait assez pour ma collectiona et pour mon amour car vous savez que tout ce que vous avez touché me devient une relique sacrée. Je t’aime, toi si tu m’aimais seulement le demi-quart de moi, je serais bien heureuse et bien fière. Jour vous, jour toi, vous m’avez trahie tantôt avec une femme en cheveux [1]. Si je vous y attrape encore, vous verrez !

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 306-307
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a)« colection ».

Notes

[1Sortir sans coiffe, « en cheveux », est un signe de vulgarité.

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