Paris, 14 avril [18]77, samedi, midi ¾
Je te remercie bien tendrement, mon cher bien-aimé, de ta bonne volonté de sortie et de guinguette pour ce soir. Mais je trouve qu’il ne fait pas encore assez chaud pour errer sous les ombrages… absents des Champs-Elysées à l’heure où le germinysme [1] fleurit et où le brouillard tombe. Et puis, je pense qu’il est bien d’avoir le plus possible à dîner tout le groupe Lesclide avant qu’il ne soit accru de Mme Lesclide dont l’arrivée coïncidera pendant les premiers jours avec un encombrement d’invitations de notre côté. Donc, mon cher petit homme, je crois que le sage pour nous est de remettre notre petite partie à plus tard. En attendant, je ne serais pas fâchée que tu vinsses déjeuner avec moi tout de suite. Nous avons si peu de temps et d’occasions de vivre tête-à-tête que tu serais bien gentil de me donner cette joie au moins à déjeuner, c’est-à-dire avant que mon pauvre estomac ne tombe en défaillance tous les jours comme il le fait en ce moment-même. À propos, et ta réponse au comité maçonnique de Lyon, où est-elle [2] ? That is the question sur laquelle j’ébrèche inutilement toutes mes dents de… scie. Et mon amour, qu’en fais-tu ? Autre question, autre scie, autre grincement. Moi, je t’adore imperturbablement.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 104
Transcription de Guy Rosa