Écrite avec une plume émoussée
Paris, 14 février [18]77, mercredi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, je crois que tu n’as pas eu une très bonne nuit mais j’espère que tu l’as suffisamment compensée par une bonne matinée de sommeil. J’en ai fait autant de mon côté, ce qui m’a permis de me remettre sur pied sans trop de peine ce matin. J’attends avec une tendre impatience de pouvoir te présenter mon cher petit livre rouge [1] qui n’a pas quitté le chevet de mon lit depuis 44 ans. Tu me pardonneras de détourner ton attention, pour une minute, de ton œuvre divine pour la donner à notre amour, divin aussi lui, et immortel comme nos âmes et comme tes chefs-d’œuvre [2]. Ce mois est le mois des grands anniversaires, pour moi et pour toi et pour le monde entier puisque c’est celui de ta naissance et de notre amour. C’est pour cela qu’il nous faut lui sourire, l’aimer et le bénir de tous nos cœurs et de toutes nos âmes, ce cher grand mois privilégié de Dieu. C’est ce que je fais en l’adorant dans ta personne [3].
BnF, Mss, NAF 16398, f. 46
Transcription de Guy Rosa
[Pouchain]