Paris, 22 juin [18]77, vendredi matin, 9 h.
Bonjour mon tout bien-aimé, bonjour, je t’adore, sois béni. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu n’es pas trop fatigué ce matin. Quant à moi, je suis tout à fait bien et déjà prête à recommencer la lutte avec toi aujourd’hui même s’il le faut. Dans tous les cas je m’apprête à t’accompagner à Versailles, dussé-je rester à la porte car je n’ai pas l’ombre d’un billet d’entrée et je craindrais d’être indiscrète en m’adressant si souvent à l’obligeance du citoyen Peyrat, si digne de ce nom. Quant à Lesclide, il n’y a pas lieu de l’emmener ni le jeune Pelleport non plus. Tu auras seulement à le rembourser de toutes les dépenses qu’il a faites pour nous, je parle pour Lesclide. Je parle maintenant de moi pour m’excuser d’être si bête en t’écrivant ces billevesées idiotes quand mon cœur déborde d’admiration et d’adoration pour toi. Je te supplie de n’en pas croire tes yeux mais ton cœur.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 167
Transcription de Guy Rosa