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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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2 mai [1838], mercredi matin, 9 h.

Bonjour cher bien-aimé. Bonjour mon amour chéri. Quelle délicieuse soirée nous avons passée tous les deux et quel dommage que nous n’ayons pas pu la complétera par une bonne matinée. Tu sais ce que tu fais, ce que tu fais… n’est pas bien. Mon pauvre bien-aimé, vous aimez plus votre chambre que moi, dans un mois vous êtes venu déjeuner quatre fois. Croyez-vous que cela rend une femme bien heureuse ? Je suis triste mon bien-aimé, bien sûr vous ne m’aimez plus d’amour. Vous êtes le plus dévoué, le plus généreux et le meilleur des hommes, mais vous ne m’aimez plus d’amour. Je m’en aperçoisb à tout ce que vous faites. Je fais tout mon possible pour me faire illusion sur votre changement mais inutilement. La vérité revient toujours m’attrister l’âme et me décourager. Après la soirée d’hier je devrais être joyeuse et tranquille n’est-ce pas ? Mais moi qui fais une grande différence entre un bon procédé et de l’amour je ne le suis pas. Autrefois vous auriez soupéc avec moi et le reste… J’aurais honte de mes remarques si je ne savais pas que celles que je fais sont toutes pour savoir si vous m’aimez autant qu’autrefois. Dieu sait ce que j’en pense mais je suis bien triste au fond du cœur. Je t’adore mon Toto bien aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 102-103
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « completter ».
b) « apperçois ».
c) « souper ».


2 mai [1838], mercredi soir, 8 h.

Il est huit heures à ma pendule, mon adoré et j’ai encore ma [lampe  ?] à faire, depuis ce matin je ne me suis pas assise je n’en peux plus, encore un peu je ne pourrai plus bouger ni pied ni jambea. Vous voyez donc bien mon adoré qu’il était de toute impossibilité que j’allasse acheter les peignes aujourd’hui. Vous êtes une bête. Est-ce que quand je travaille comme ça cela ne veut pas dire que je vous adore ? Croyez-vous que dans une autre condition je me donnerais la peine d’être une femme de ménage ? C’est parce que je vous aime et que je vous adore que je suis tout cela. Ne vous plaignez donc pas et aimez-moi autant que je vous aime. Les Lanvin ne sont pas venus mais je le savais. Le bon Dieu ne prodigue pas toutes les jouissances en un seul jour, et c’était déjà bien gentil que d’avoir une belle cheminée et un joli petit homme très adroit à [illis.] le papier sans y joindre de [illis.] dorés et fignolésb et puis pour vous prouver combien la belle humeur est innée en moi, je veux malgré ma fatigue vous baiser depuis la racine de vos pieds jusqu’à plante de vos cheveux, vous baiser de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 104-105
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) Au-dessus de « jambes », Juliette Drouet a écrit « pattes ».
b) « phignolés ».

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